[Interview] Florence Hinckel


Je vous propose aujourd'hui une interview de Florence Hinckel, auteur de romans jeunesse, notamment de Théa pour l'éternité, roman qui sort demain aux éditions Syros !
MA CHRONIQUE >>>

Qu'est-ce qui vous a inspiré ? D'où vous est venu l'idée est la question récurrente, mais qu'est-ce qui vous a inspiré aussi pendant l'écriture ?

Je m'intéresse depuis assez longtemps au transhumanisme, un mouvement philosophico-scientifique qui voudrait réussir à supprimer tout ce qui "handicape" la condition humaine. La mort en fait partie, bien entendu. Cela me fascine et me terrifie tout à la fois. Parallèlement, je m'intéresse aussi à la surpopulation planétaire. Mais personne n'a l'air de faire le lien entre ces deux problématiques antagonistes. Puis il y a eu cette découverte récente, qui permettrait de réparer des organes ou des tissus de personnes âgées. La science progresse à une vitesse fulgurante, et c'est comme si on ne réfléchissait plus à l'impact que cela pourrait avoir sur l'individu-même au sein de son environnement. Voilà comment est née progressivement, tout doucement, l'idée de Théa pour l'éternité.
D'autre part, tout mon roman est un clin d'oeil permanent à un roman américain d'anticipation extraordinaire, que j'ai adoré, et qui a été publié en 1959. Ce livre m'a beaucoup soutenue durant mon écriture. C'est ma devinette du jour : duquel s'agit-il à votre avis ? Pas facile, mais le premier qui aura trouvé aura droit à toute ma considération ! (Le prénom d'une des souris de mon roman devrait vous mettre sur la voie...)

[J'ai cherché pendant une demi heure sur internet et j'ai fini par trouver ! Des fleurs pour Algernon de Daniel Keyes, publié en 1959 sous le titre original de Flowers for Algernon ! Si vous voulez en savoir plus >>>]

Théa et Petite Théa sont-elles vous quand vous étiez jeunes ? Ces rêves, ces envies et ces rebondissements, en enlevant tout l'aspect futuriste ?

Non, je n'ai pas été Théa et Petite Théa. Cependant il est toujours très difficile de démêler ce qui provient de nos propres souvenirs ou ce qui a été inventé, ou transformé. Certains passages proviennent de mes propres ressentis d'enfance ou d'adolescence, c'est vrai, comme lorsque Petite Théa se demande si elle conservera son prénom une fois grande. Je me souviens bien que cela me paraissait impossible. Ou bien ce désarroi de Théa lorsqu'elle doit choisir une orientation : j'aimais tout, pourquoi alors se spécialiser quelque part ? En réalité, ce que j'ai instillé en Théa, c'est le sentiment de trahison que j'ai ressenti lorsqu'il a fallu faire des choix, au même âge qu'elle, alors que l'enfance était le lieu de tous les possibles.

Si ou vous proposait, à vous, d'arrêter votre vieillissement... que feriez vous ?

Ce que j'ai essayé de faire passer dans mon roman n'est pas une simple vue de l'esprit, mais toute ma conviction ! Je refuserais sans aucune hésitation.

Quels autres thèmes aimeriez-vous aborder dans vos prochains romans ? Et quels sont donc vos prochains projets ?

Je n'en ai pas fini avec la problématique de l'immortalité, et j'ai beaucoup d'histoires en tête, qui se concrétiseront peut-être sous forme de nouvelles. Mais ce qui me passionne plus que tout c'est la notion de quête identitaire, et j'ai encore besoin de la décliner de bien des façons, sous forme de roman d'amour et/ ou sur un mode humoristique. J'ai aussi envie de parler de révolutions... Enfin de nombreux désirs, que je dois modeler. Je suis très lente avant de démarrer un roman, c'en est désespérant, mais j'ai besoin de beaucoup réfléchir (et rêver).

J'aimerais aussi vous demander qu'est ce qui vous a poussé à devenir écrivain ? Un rêve d'enfance ? Un ami, la famille, un livre ?

D'abord un rêve d'enfance. J'adorais lire, et j'ai commencé à écrire très tôt. Alors naturellement s'est formé le rêve de devenir écrivain. Puis, c'est très banal mais j'ai été frappée par Le journal d'Anne Frank. Persuadée qu'elle aurait été une très grande écrivaine si elle avait survécu, je me suis dit dès l'âge de 12 ans que si moi je survivais (le sens dramatique qu'on a à cet âge !), je me devais de continuer à écrire. C'est donc aussi un immense orgueil qui m'a motivée. Au fil du temps l'humilité permet de continuer.

Pour finir, pouvez vous me dire un mot, un seul, et m'expliquer pourquoi vous avez choisi celui-ci ?

Liberté !
Parce que seuls les esprits libres peuvent progresser.

Merci beaucoup !

Mille mercis à toi, Tom.
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Commentaires

  1. Un très bel entrevue... J'avais remarqué son livre... Mais j'ai encore plus le goût de le découvrir !!! Merci Tom xox

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